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Temps de lecture : 6 minutes

Que l’on conçoive une vidéo explicative, une infographie, un support de formation, notre objectif est toujours de faciliter la perception des informations.

La théorie de l’apprentissage multimédia

Intéressons-nous à la théorie de l’apprentissage multimédia de Mayer (2001)1. S’appuyant sur une série d’expériences, Mayer a mis en évidence plusieurs principes. On s’arrêtera sur quatre d’entre eux.

1

principe de représentation multiple de l’information

On comprend mieux une explication lorsqu’elle est présentée en utilisant deux modes de représentation plutôt qu’un seul. Ainsi, une leçon sur le fonctionnement d’une pompe à vélo est mieux comprise lorsqu’elle comporte une narration et une animation, plutôt qu’une narration seule. C’est l’effet multimédia.
2

principe de partage attentionnel

Lorsqu’une illustration est proposée, il est préférable d’ajouter une information verbale relative de manière auditive plutôt que de manière visuelle. L’ajout de phrases écrites risque de détourner l’attention de l’image, alors qu’une explication audio de l’illustration facilite l’apprentissage.
3

principe de contiguïté

Une meilleure performance d’apprentissage est constatée lorsque la narration et l’animation sont présentées conjointement, plutôt qu’éloignées dans l’espace et dans le temps.
4

principe de signalisation

La mise en valeur de l’information à mémoriser facilite l’apprentissage. Du coup, la mise en forme du texte à mémoriser (gras, soulignement) aura un impact. De plus, un discours épuré, limité aux informations essentielles, sera plus efficace, qu’un texte plus détaillé. On remarque en particulier une détérioration de la compréhension lorsque la narration qui accompagne une illustration présente des informations figurant déjà dans l’illustration (effet de redondance).

Zoom sur la double modalité de présentation

Plus récemment, dans leur ouvrage conçu comme un guide pour les enseignants, Berthier, Borst, Desnos & Guilleray (2018) 2 préconisent également la pratique de la double modalité de présentation.

Ils rappellent que si une explication est donnée aux élèves sans aucun support visuel, la perception des informations sera difficile.

Pour simplifier, la mémoire de travail possède, entre autres, deux sous-systèmes – différents mais inséparables – de traitement de l’information :
– le calepin visuo-spatial qui gère les données visuo-spatiales ;
– la boucle phonologique qui gère les données auditivo-verbales.
Attention, les mots écrits mobilisent la boucle phonologique, tout comme le texte oralisé. Parler et projeter un texte écrit mobilise le même sous-système, en passant par un canal visuel et un canal auditif. Il est donc plus pertinent de proposer des images en support d’un texte oralisé, car les informations ne seront pas traitées par le même sous-système. (p.156)

Berthier, Borst, Desnos & GuillerayLes neurosciences cognitives dans la classe
Les auteurs insistent pour que le support de présentation utilisé pour une explication ne soit pas un prompteur pour l’enseignant, ni un support de cours pour les élèves (un tel document pourra être produit, en plus).

Le support de présentation doit :

  • être épuré, avec seulement les informations pertinentes pour les apprenants (les détails comme les éléments distracteurs, insérés pour leur côté attractif, sont à bannir) ;
  • privilégier les images et les mots-clés (ou des phrases de synthèse très courtes).

En outre, les auteurs recommandent de veiller au contraste entre le fond d’écran et le texte et d’éviter les polices de caractères avec empattements (comme Times New Roman ou Georgia).

Pour présenter efficacement les informations : notre grain de sel

Avec Karim Rahou, nous apportons un soin tout particulier à appliquer ces principes quand nous concevons et animons des présentations. Ils nous guident également quand nous réalisons des vidéos explicatives, des infographies, des supports de formation etc. Par exemple, lorsque nous créons une vidéo explicative en motion design, nous veillons à orienter l’attention du public vers les informations pertinentes (et seulement vers les informations pertinentes !) et nous nous appuyons sur la complémentarité entre les éléments visuels, le texte oralisé et le sound design pour faire passer les messages essentiels.

Ouvrages cités :

1 Mayer R. E. (2001). Multimedia Learning. New York, Cambridge University Press.

2 Berthier J.-L., Borst G., Desnos M., Guilleray F. (2018). Les neurosciences cognitives dans la classe. ESF sciences humaines.